Capsules historiques

Les Acadiens ont contribué à la croissance urbaine de Baltimore

Trois ans avant l’arrivée des premiers Acadiens à Baltimore en janvier 1756, le village comptait 27 habitations dont une église, deux tavernes et une brasserie. Sa population ne dépassait guère 200 âmes. Au fil des ans, les noms de famille se transformèrent d’Aucoin à Wedge, de Boudreau à Budrow, de Célestin à Sollertine, de Doiron à Gold, de Dupuis à Wells, de Leblanc à White et de Deschamps à Deshon. Après l’exode vers la Louisiane, la plupart des quelque 200 Acadiens qui restaient autour de la baie Chesapeake se sont regroupés à Baltimore pour mieux vivre et jouir de la vie. Plusieurs autres familles acadiennes de la Pennsylvanie les ont rejoints. L’agglomération francophone était connue sous le nom de «French Town».

Le Palais de Justice de Baltimore (Courtoisie du Baltimore Sun, 14 juillet 2016)

La Pointe Philpot (au pied de la rue Thames) est le lieu du débarquement des premiers Acadiens qui venaient d’Annapolis, Maryland. De là, certains bons samaritains les conduisirent dans des maisons et des places de commerce vacantes, où ils furent logés. La plus grande résidence de Baltimore, celle du migrant irlandais Edwin Fottrell, accueillit quelques familles acadiennes. Ce logis en brique était situé à l’angle des rues Calvert et Fayette, là où se trouve aujourd’hui le palais de justice. Une pièce familiale y fut aménagée pour servir de chapelle. John Ashton, un Jésuite originaire d’Irlande, y venait de Carroll Manor (près de Washington DC) une fois par mois. De ces débuts modestes ont émergé la première église catholique de Baltimore. En 1760, la ville comptait plus de 1200 habitants. Quelques années plus tard les paroissiens érigèrent dans le quartier l’église Saint-Pierre qui servit temporairement de cathédrale de 1791 à 1821.

À Baltimore, les Acadiens furent laissés à eux-mêmes. Ayant appris l’autosuffisance de la Première Nation Mi’kmaq avec qui ils ont cohabité cordialement en Nouvelle-Écosse, les familles acadiennes se rassemblèrent à «French Town» (le long de la rue Charles entre les rues Baltimore et Lombard à quelques pas seulement du Inner Harbor). Avec une entraide habituelle, ils érigèrent leur propre domicile. En 1766, la maison de l’Acadien Paul Bigeo (Bijeau) était située sur le lot 36 à l’endroit où se trouve aujourd’hui le gratte-ciel reluisant au 36, rue Charles (photo). Dix ans plus tard, à la veille de la Guerre d’Indépendance, la population de la métropole du Maryland dépassait 6000 personnes réparties dans 560 bâtiments. Selon le recensement des États-Unis de 1790 (le premier), Baltimore (avec 13,500 habitants) était la cinquième plus grande ville américaine après New York (33,100), Philadelphie (28,500), Boston (18,300) et Charleston (16,300).

Plusieurs Acadiens devinrent des marins, avec Baltimore pour port d’attache, et connurent un succès économique au fil des ans. En outre, certains d’entre eux s’installèrent à Fell’s Point dans le vieux port de Baltimore pour y travailler dans les chantiers navals et le commerce maritime.

Le 801, rue Charles, ancienne propriété de Pierre Doiron (Peter Gold) (Courtoisie de American City Business Journals)

Au tournant du siècle, un certain nombre d’Acadiens investirent une partie de leurs revenus dans l’immobilier, achetant pour fins de location des propriétés surtout dans le quartier Federal Hill de Baltimore, situé juste au sud de «French Town». Par exemple, la jolie maison au 801, rue Charles construite en 1805 fut acquise par Pierre Doiron (Peter Gold) en 1818. Joseph Gautrot et Jean Germain (John Germane) de Princess Anne, Maryland, firent de même.