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  • Saint-Gervais
    – Les terres isolées du seigneur de Saint-Michel
Eglise Saint-Gervais et Saint-Protais
Eglise Saint-Gervais et Saint-Protais actuelle (Saint-Gervais), construite en 1873 (auteur Bernard Gagnon, sans modification, licence CC BY-SA 3.0)

La municipalité de Saint-Gervais est située dans la municipalité régionale de comté de Bellechasse, au cœur de la région de la Chaudière-Appalaches, immédiatement à l’est de la ville de Lévis. Elle doit son nom à la paroisse de Saint-Gervais et Saint-Protais, fondée en 1780, en l’honneur des deux jumeaux martyrs chrétiens romains du 1er siècle, Gervais et Protais…

La chapelle-presbytère, construite l’année précédente, où un curé résident était désormais affecté, permettait de servir une trentaine de familles catholiques. C’est à cet endroit, aux actuels Premier et Deuxième Rangs de Saint-Gervais, que s’étaient installées à partir de 1756 jusqu’à 70 familles acadiennes, dans ce qui s’est appelé la Nouvelle Cadie jusqu’à l’ouverture de la paroisse. Pourtant la plupart d’entre elles ne firent pas souche sur les terres de Saint-Gervais. Voici pourquoi…

Des conditions de vie difficiles

Dès 1756, les Acadiens furent accueillis sur les terres à défricher du seigneur Michel-Jean-Hugues Péan, seigneur de Saint-Michel, au sud de son domaine de Livaudière. Les premières terres furent attribuées à sept familles de réfugiés acadiens, puis à huit autres familles, qui fuyaient la déportation, en provenance de l’île Saint-Jean. Mais au sortir d’un hiver difficile, les réfugiés avaient dû accepter ces terres isolées pour recevoir des vivres des autorités coloniales. En décembre 1756, on procura à chaque réfugié « une demi livre de bœuf ou un quarteron de lard et quatre onces de pois par jour » pendant six mois. L’histoire ne dit pas si cette distribution de vivres se poursuivit en juin 1757…

D’autres familles acadiennes arrivèrent par la suite. On sait malheureusement qu’après un long exil où ils subirent de nombreuses privations, beaucoup d’Acadiens étaient en mauvaise santé et succombèrent à la maladie. En 1758, 56 d’entre eux furent inhumés au cimetière de la paroisse voisine Saint-Charles-Borromée (aujourd’hui Saint-Charles-de-Bellechasse) dont ils dépendaient. Compte tenu des conditions de vie difficiles, de l’isolement et de l’absence d’une église de proximité, beaucoup d’Acadiens choisirent de quitter leurs terres.

Parc historique de la Promenade-des-Sœurs
Parc historique de la Promenade-des-Sœurs, à Saint-Gervais (auteur Bernard Gagnon, sans modification, licence CC BY-SA 3.0)

Certains Acadiens prirent pourtant racine dans leur Petite Cadie et furent rejoints par un groupe d’Ecossais, puis des colons canadiens-français, ancêtres des habitants actuels de Saint-Gervais. La municipalité a aménagé dans son parc historique de la Promenade-des-Sœurs une fontaine et un panneau d’interprétation pour rendre hommage à ses pionniers acadiens. Parmi les premières familles qui s’établirent temporairement figurent celles de François Turcot (Français marié à une Acadienne) et de Jean-Baptiste Trahan. L’un et l’autre quittèrent la région prématurément, mais pas du tout de la même façon. Le premier vendit sa terre en 1759, mais le second fut…inhumé en 1758 au cimetière de Saint-Charles-Borromée.

Voici quelques familles acadiennes pionnières de Saint-Gervais (sources Bona Arsenault, répertoire des régions acadiennes du Québec) : Antoine Bariault (Barriau), de Pisiguit, marié à Blanche Doucet ; Honoré Doiron, de Pisiguit, marié à Françoise Boudrot ; Jean-Baptiste Trahan, marié à Catherine Boudrot…