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  • Québec (ville)
    – Un refuge temporaire pour les Acadiens
Vue de la prise de Québec
Vue de la prise de Québec, mi-septembre 1759 (artiste Hervey Smyth, domaine public)

A l’été 1756, la guerre de Sept Ans entre Français et Anglais venait d’être déclarée officiellement au printemps, mais l’affrontement franco-anglais était engagé en Amérique du nord depuis deux ans. C’est à ce moment que les premiers réfugiés acadiens arrivèrent à Québec, après en avoir reçu l’autorisation du dernier gouverneur de la Nouvelle-France, Pierre de Rigaud de Vaudreuil de Cavagnial…

La situation des réfugiés à l’île Saint-Jean et au camp de Miramichi était en effet critique. Les Acadiens y vivaient dans des conditions difficiles de surpopulation et de famine et la ville de Québec offrait un lieu de refuge temporaire pour les plus fragiles d’entre eux. A la fin de 1757, 1500 à 1800 Acadiens s’étaient déjà réfugiés à Québec et dans sa région. L’année 1757 fut pourtant aussi difficile à Québec en raison des menaces de famine dues à de mauvaises récoltes et à des ravitaillements insuffisants. La population acadienne, prise en charge par les Canadiens dans une ville surpeuplée, souffrit particulièrement de la faim, mais aussi du froid très intense de l’hiver 1757-1758. Plus de 300 d’entre eux trouvèrent la mort pendant ce même hiver, probablement victimes de la variole.

Sous la menace anglaise

En avril 1759, le gouverneur Vaudreuil ordonna l’évacuation de la région de Québec. La guerre de Sept Ans s’était en effet retournée en faveur des Anglais qui menaçaient maintenant Québec. En juin 1759, la flotte de guerre anglaise commença le siège de Québec. Les Acadiens en bonne santé, hommes et adolescents, furent mis à contribution pour défendre la ville qui capitula le 18 septembre 1759, après la célèbre bataille des Plaines d’Abraham. Les attaques anglaises se concentrèrent ensuite sur Montréal qui capitula à son tour le 8 septembre 1760. Jusqu’à cette date, presque tous les réfugiés acadiens étaient passés par le territoire contrôlé par la ville de Québec, lieu d’accueil décidément très provisoire. Parmi ces réfugiés, certains s’étaient illustrés par un acte de bravoure remarquable lors de leur déportation. Voici l’histoire du Pembroke

Le fleuve Saint-Jean à Fredericton
La rivière Saint-Jean à Fredericton (auteur Treeman, domaine public)

Le Pembroke figurait parmi la trentaine de navires utilisés par les Anglais en 1755 et 1756 pour déporter plus de 6000 Acadiens vers les colonies anglo-américaines. Ce fut aussi le seul qui fut détourné de sa trajectoire initiale. Parti d’Annapolis Royal le 8 décembre 1755 à destination de la Caroline du Nord, il transportait 36 familles acadiennes, soit 232 personnes. Une révolte éclata à bord du navire. Les Acadiens réussirent à prendre le contrôle du navire pour le détourner vers la rivière Saint-Jean où ils arrivèrent le 8 février 1756. Ils passèrent l’hiver à la pointe Sainte-Anne (aujourd’hui Fredericton, Nouveau-Brunswick). La plupart des familles acadiennes se réfugièrent ensuite au camp de Miramichi, d’où la majorité d’entre elles s’expatrièrent à l’été 1757 à Québec. Ces Acadiens s’étaient finalement retrouvés dans une ville menacée et affamée, mais après avoir gagné de haute lutte… leur liberté.