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  • Saint-Grégoire
    – Une paroisse gagnée de haute lutte
Eglise Saint-Grégoire-le-Grand
Eglise Saint-Grégoire-le-Grand, classée monument patrimonial du Canada en 1957 (auteur Fralambert, sans modification, licence CC BY-SA 3.0)

Saint-Grégoire est un quartier de la ville de Bécancour dont il occupe la partie ouest, sur la rive sud du fleuve Saint-Laurent, face à Trois-Rivières. Au cœur du quartier, face au boulevard de Port-Royal, se trouve l’église de Saint-Grégoire-le-Grand, chef d’œuvre de l’architecture religieuse du Québec…

Sa construction s’échelonna de 1803 à 1806, après que la paroisse fut érigée canoniquement en 1802. Coincée entre les deux paroisses plus anciennes de Bécancour, au nord-est, et de Nicolet, au sud-ouest, la paroisse de Saint-Grégoire fut créée tardivement. Elle fut même gagnée de haute lutte par les villageois déjà nombreux, des réfugiés acadiens pourtant bons catholiques, séduits par les terres fertiles et giboyeuses concédées par les seigneurs du lieu. Voici l’histoire de la fondation de leur village nommé à l’origine Sainte-Marguerite…

Un havre de prospérité sans église

En avril 1759, quand le gouverneur Vaudreuil ordonna aux Acadiens réfugiés à Québec de se replier vers Trois-Rivières et Montréal, la région de Saint-Grégoire était encore peu peuplée. Le seigneur de Bécancour, Joseph-Michel Legardeur de Croisille et de Montesson, invita les premières familles acadiennes à se réfugier sur ses terres. A l’été ou à l’automne 1759, elles s’installèrent au lac Saint-Paul. Au même moment, un deuxième groupe de réfugiés acadiens, menés par Michel Bergeron, s’établirent à l’emplacement du village de Sainte-Marguerite (aujourd’hui Saint-Grégoire), dans la seigneurie de Godefroy, dont ils furent sans doute les premiers habitants. Au printemps de l’année précédente, ces Acadiens avaient quitté leur refuge de la rivière Saint-Jean pour entreprendre un long périple éprouvant vers le fleuve Saint-Laurent. Ce n’est ensuite qu’après le retour à Québec des Acadiens déportés au Massachusetts, en septembre 1766, que plusieurs d’entre eux s’établirent également à Sainte-Marguerite, à l’emplacement de l’actuel boulevard des Acadiens. D’autres familles acadiennes arrivèrent ensuite dans la nouvelle colonie, leur Petite Cadie, qui s’annonçait décidément comme un havre de prospérité. Toutes les conditions semblaient réunies pour cela. Toutes ? Non…

Pierre Denaut
Pierre Denaut (© Université de Montréal, Service de la gestion des documents et des archives *)

Dans les années 1780, les Acadiens de la région de Sainte-Marguerite et du lac Saint-Paul étaient déjà plusieurs centaines. Mais pour pratiquer leur religion, ils devaient se rendre à Nicolet ou à Bécancour, souvent dans des conditions de déplacement difficiles. Ils réclamaient donc à cor et à cri une église et un curé résident bien à eux. Leur requête ne fut pourtant satisfaite qu’en 1802. Trois ans plus tard, quand l’évêque de Québec, Mgr Pierre Denaut, confia la paroisse de Saint-Grégoire au curé Desforges, il lui donna ce sage conseil : « Ménagez l’esprit turbulent de ce peuple ; méritez sa confiance ; soyez ferme et doux. Vous aurez avec lui la paix et vous en ferez de fervents chrétiens. »

Voici quelques familles acadiennes pionnières de Saint-Grégoire (source Bona Arsenault) : Jean-Baptiste Béliveau, de Port-Royal, marié à Marguerite Mélanson ; Michel Bergeron, de Port-Royal, marié à Marie-Jeanne Hébert ; Pierre Cormier, de Beaubassin, marié à Madeleine Prince ; Félix Hébert, de Beaubassin, marié à Esther Vigneau…

* Copie d’une œuvre publiée par le gouvernement du Québec, qui n’a pas été faite en association avec le gouvernement du Québec ni avec l’appui de celui-ci.