> Maine Introduction historique

Peinture de 1853 depuis South Portland vers l’est, baie de Casco, Maine

Le Maine à la frontière de l'Acadie

Devenu un Etat des Etats-Unis en 1820, le Maine est situé à l’extrême nord-est du pays. Recouvert de vastes forêts et parsemé de nombreux lacs et cours d’eau, il est surnommé l’Etat du Pin, l’Etat du Bois et l’Etat Frontière. Il est en effet bordé au sud-ouest par le New Hampshire, au nord-ouest par le Québec, au nord et à l’est par le Nouveau-Brunswick et au sud par l’océan Atlantique. C’est ainsi que l’histoire acadienne du Maine se confond avec celle de sa frontière avec le Nouveau-Brunswick, dont voici deux illustrations, à deux époques bien différentes…

Parc national de l'Acadie, île des Monts Déserts, au sud de Bar Harbor, Maine (image dans le domaine public)

Aux limites de l’ancienne Acadie française

Jusqu’en 1820, le Maine était la province la plus septentrionale de la colonie puis de l’Etat du Massachusetts. Au 17e siècle, sa côte atlantique fut âprement disputée entre les colonies anglaises de la Nouvelle-Angleterre et la colonie française de l’Acadie, dont les possessions se situaient sur les deux rives de l’actuelle baie de Fundy jusqu’aux côtes du Maine. Dès 1613, la frontière de l’Acadie se positionna dans la baie de Penobscot, à l’ouest de l’île des Monts Déserts (aujourd’hui Castine, Maine), mais au prix d’un invraisemblable concours de circonstances. C’est l’objet du premier des deux articles : Castine (Maine) – Difficile gestation de la frontière de l’Acadie.

En 1713, après un siècle de conflits entre Français et Anglais, le traité d’Utrecht cédait définitivement l’Acadie péninsulaire aux Anglais. Mais le traité d’Utrecht restait imprécis et donc controversé quant « aux anciennes limites » de l’Acadie cédée aux Anglais. Les Français prétendaient que les nouvelles possessions anglaises se limitaient à la seule péninsule de la Nouvelle-Ecosse. Les Anglais revendiquaient aussi les anciennes possessions françaises du sud du Nouveau-Brunswick et du Maine actuels. En 1755, à la veille de la déportation massive des Acadiens dans les colonies anglo-américaines, les Français estimaient même que leur territoire s’étendait jusqu’à la frontière actuelle de la Nouvelle-Ecosse.

En 1763, le traité de Paris mettait fin à la guerre de Sept Ans et consacrait la disparition définitive de la Nouvelle-France et donc de l’Acadie. Les réfugiés acadiens dont beaucoup revenaient de déportation furent autorisés à fonder de nouveaux établissements en Nouvelle-Ecosse ou le plus souvent aux limites de l’ancienne Acadie, sur le territoire du Nouveau-Brunswick. Certains s’installèrent à la pointe Sainte-Anne (aujourd’hui Fredericton), le long de la rivière Saint-Jean…

Au Madawaska la langue française n’a pas de frontière

Les chutes de Grand-Sault, aujourd’hui exploitées par une centrale hydroélectrique (auteur Dr Wilson, licence CC BY-SA 3.0)

A l’issue de la guerre d’indépendance américaine (1775-1783), des milliers de Loyalistes américains s’établirent le long de la rivière Saint-Jean. Certains d’entre eux fondèrent un nouveau village à la pointe Saint-Anne, nommé Fredericstown puis Fredericton. En 1785, Fredericton devint la capitale de la province du Nouveau-Brunswick créée un an plus tôt par les Loyalistes. La même année, inquiets pour leur avenir, des colons acadiens et canadiens français quittèrent la pointe Saint-Anne pour établir une colonie francophone sur le territoire du Haut-Saint-Jean, en amont des chutes de Grand-Sault. C’est ainsi que fut fondée la colonie du Madawaska, sur les deux rives de la rivière Saint-Jean, où se trouvent aujourd’hui les villes d’Edmundston (Nouveau-Brunswick) et de Madawaska (Maine).

En 1783, le traité de Paris reconnaissait l’indépendance des Etats-Unis et définissait, quoique de façon approximative, leur frontière avec l’Amérique du Nord anglaise. En réalité, le tracé de cette frontière s’appuyait sur une carte de 1755, la carte de Mitchell, qui s’est avérée inexacte en de nombreux endroits, générant autant de désaccords frontaliers. Ce fut le cas à la frontière nord-est des Etats-Unis, où les deux pays convoitaient le territoire du Madawaska et sa vaste forêt de pins, où s’étaient installés les colons en grande majorité francophones. Le conflit frontalier ne fut réglé qu’en 1842 par le choix de la rivière Saint-Jean comme frontière internationale, coupant ainsi en deux la colonie du Madawaska. Cette région garda pourtant jusqu’à aujourd’hui une remarquable cohérence frontalière. C’est l’objet du second article : Au Madawaska, la langue française n’a pas de frontière.

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