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  • Abbeville (Bayou Vermilion)
    – Une chapelle sans qualification paroissiale

La colonisation acadienne le long de la partie inférieure du bayou Vermilion (aussi appelé rivière Vermilion) s’est faite aux environs de l’actuelle municipalité d’Abbeville, siège de la paroisse de Vermilion, entre les bayous Têche et Queue de Tortue dans le sud-ouest de la Louisiane. Malheureusement, les écrits d’histoire nous révèlent très peu sur les quelque vingt-cinq familles acadiennes venues du nord pour s’y établir. Cependant, nous savons que dès l’arrivée des Acadiens, les administrateurs espagnols ont conditionné l’installation de ceux-ci vers les limites des territoires autochtones de la Louisiane. Au fur et à mesure que la Louisiane grandissait, certains Acadiens ont été forcés de se déplacer et d’autres se sont volontairement transplantés avec la frontière. À partir de 1764, les établissements acadiens se sont répandus vers le nord de la Nouvelle-Orléans dans les régions non développées le long du fleuve Mississippi. Au fil du temps, cette région a pris le nom de « Côte acadienne ». Puis d’autres communautés acadiennes se sont créées en amont, pour ensuite descendre le bayou Vermilion vers le sud à partir de sa partie supérieure. Les gens se sont installés en ligne des deux côtés du bayou, comme ils l’avaient fait en Acadie (devenue la Nouvelle-Écosse). Leurs maisons se trouvaient sur des parcelles étroites de terre s’étendant de la berge aux marais, tel que démontré sur les cartes ci-dessous du haut et du bas Vermilion vers 1780 dressées par Timothy F. Reilly.

Le Haut-Vermilion vers 1780 (source Louisiana Digital Library)

La Chapelle communautaire

Antérieurement à la construction d’une route parallèle au bayou, les colons naviguaient de maison en maison pour se visiter ou pour se réunir en un lieu de piété. Selon le folklore acadien, c’est dans une pièce réservée au catholicisme à l’intérieur d’une résidence privée que les messes, les baptêmes, les mariages et autres cérémonies religieuses se déroulaient. En fait, cette maison (toujours inconnue) servait d’oratoire ou de chapelle sans qualification paroissiale. Une plaque historique en bronze près de l’actuelle église rappelle aux visiteurs que l’emplacement d’Abbeville (fondée en 1843) s’appelait auparavant « La Chapelle ».

Le Bas-Vermilion vers 1780 (source Louisiana Digital Library)

Tel qu’indiqué sur la plaque ci-dessous, Abbeville (Louisiane) porte le même nom que Abbeville (France), lieu de naissance du père capucin Antoine Désiré Mégret, fondateur d’Abbeville (Louisiane). Alors que Abbeville (Louisiane) fut fondée en 1843, les origines d’Abbeville (France) remontent à l’époque gallo-romaine, plus précisément aux années 380 après Jésus-Christ. Nous savons que l’abbé Mégret a acheté les terres de fondation d’Abbeville (Louisiane) d’un dénommé Joseph LeBlanc (époux d’Isabelle Broussard) pour la somme de 900 $ le 25 juillet 1843. Quelques semaines plus tard, l’ancienne maison de Joseph LeBlanc fut transformée en chapelle communautaire. La chapelle de Mégret fut complètement détruite par le feu en 1854. Depuis l’incendie, quatre églises dédiées à Sainte-Marie-Madeleine ont été successivement édifiées en ce lieu historique. L’église actuelle a été construite en 1911 sous la direction du père Laforest.

Selon la généalogie, le nom de famille Leblanc est fréquemment associé aux Acadiens. Cela va de soi, car il s’agit de la plus grande famille acadienne. Le lieu d’origine en France de Daniel Leblanc, ancêtre de la plus grande famille acadienne ne nous est pas encore connu. Certains disent que Daniel Leblanc est natif du Poitou, du Maine ou du Dauphiné. Mais il est certain qu’il figure parmi les premiers habitants de l’Acadie, étant arrivé à la fin des années 1640, âgé d’environ 24 ans. En 1755, plusieurs descendants de Daniel Leblanc ont été déportés vers les colonies anglo-américaines avant leur établissement en Louisiane.

« Cadien », anglicisé « cajun », est en fait une déformation péjorative du mot « acadien » qui se rattache aux descendants des exilés d’Acadie. Abbeville, dont la devise municipale est « Pour dieu et la patrie », a su à sa manière afficher avec fierté son patrimoine cadien à travers les noms donnés à plusieurs de ses rues transversales. Celles-ci commémorent ensemble les familles acadiennes qui ont habité la ville louisianaise, c’est-à-dire les Bergeron, Bernard, Bertrand, Breaux, Broussard, Chauvin, Chiasson, DesChênes, Doucet, Dugas, Forest, Hébert, Lachaussée, Landry, Laporte, Leblanc, Mouton, Naud, Préjean, Primeaux, Richard, Samson, Thériot, Trahan, et Valcourt, entre autres.