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  • Baie Sainte-Marie (Clare)
    – Une bulle de France en Acadie originaire
Le cap Sainte-Marie
Le cap Sainte-Marie offre un paysage thérapeutique et de réflexion tranquille (Photo crédit : Karen Cook, source readersdigest.ca)

D’entrée de jeu il importe de savoir que les paysages de la « Côte française » tout au long de la baie Sainte-Marie sont inoubliables. C’est en 1604 lors d’une expédition de Pierre Dugua de Mons, accompagné de Samuel de Champlain qui y participe en tant que géographe et cartographe, qu’elle prend son nom. Les Mi’kmaqs l’appelaient « Wagweiik » signifiant « l’extrémité » (de la côte). Après la fin des déportations en 1763, quelque 2000 Acadiens sur les 12000 déportés sont retournés dans les Maritimes. Lorsqu’ils ont eu le droit de revenir en Nouvelle-Écosse en 1764, leur propriété avait été confisquée, leurs bâtiments complètement incendiés et leurs terres occupées par des « Planteurs » de la Nouvelle-Angleterre. Ceux-ci, dénombrant environ 8000, ont été le premier groupe important d’immigrants anglophones ne venant pas des îles britanniques à s’établir dans les Maritimes. Les fermiers s’accaparent surtout les riches terres agricoles du bassin des Mines et de la vallée d’Annapolis, alors que les pêcheurs s’installent au sud le long de la côte Atlantique. En 1768, le gouvernement de la Nouvelle-Écosse accorde aux Acadiens revenus d’exil des concessions de terres nouvelles dans la région de Clare, mais seulement avec le droit d’y vivre. Ce n’est qu’entre 1771 et 1773 qu’ils obtiennent le droit de propriété.

Située au sud-ouest de la Nouvelle-Écosse, la Municipalité du district de Clare est une bulle de France en Amérique qui porte son histoire à travers ses accents. De Saint-Bernard jusqu’à Rivière-aux-Saumons, la plupart de ses communautés longent la baie Sainte-Marie, un sous-bassin du golfe du Maine. La route 1 (appelée aussi le chemin d’Évangéline) compte pas moins de 15 communautés joliment nommées qui se succèdent sur 50 kilomètres. Anse-aux-Belliveau, Grosses-Coques, Pointe-de-l’Église, Petit-Ruisseau, Saulnierville, Saint-Alphonse-de-Ligurie et Mavillette parsèment le parcours. À l’écart du chemin, les lacs Henriette, à Pierre, Mardi Gras, Bonaventure, à la Picote, Gaspereau, d’en Bas, entre autres, embellissent la campagne.

Les colons de la baie Sainte-Marie

Église catholique de Saint-Bernard
Église catholique de Saint-Bernard sur la « Côte française » (Photo crédit : Tango7174, licence CC BY-SA 4.0, sans modification)

En 1768, Joseph Dugas et sa famille sont les premiers à s’établir sur les rives de la baie Sainte-Marie. D’autres familles suivent : les Belliveau, Boudreau, Comeau, Doucet, Gaudet, Jeddry, Le Blanc, Melanson, Robichaud, Saulnier, Thibault, Thibodeau… Ces colons d’origine assurent leur subsistance au moyen de la pêche, de l’agriculture, de la coupe du bois et, dans une moindre mesure, de la construction de bateaux. Aujourd’hui, plus des trois quarts des citoyens de Clare parlent français.

Meteghan (mot Mi’kmaq signifiant « roches bleues ») est la métropole régionale. Établie en 1785, elle compte parmi ses fondateurs Prudent Robichaud, fort probablement né à Port-Royal vers 1669. Pendant plus de 30 années avant le Grand Dérangement de 1755, il entretient plusieurs liaisons d’affaires avec l’administration britannique, notamment négociateur au nom des Acadiens ainsi que fournisseur de la garnison de Port-Royal, alors appelé Annapolis Royal, approvisionnant les troupes anglaises en bois et en nourriture. En 1727, il obtient du lieutenant-gouverneur Lawrence Armstrong le poste de juge de paix à Annapolis Royal et, en 1733, la tâche de recueillir les redevances qui doivent être versées à la couronne d’Angleterre. Malgré son implication de longue durée au sein de l’administration britannique, et en dépit de son âge avancé, Robichaud n’échappera pas à la déportation et sera embarqué sur le Pembroke en 1755, avec plus de 230 autres compatriotes pour être transporté en Caroline du Nord. Les Acadiens s’emparent du vaisseau et le dirigent à l’embouchure de la rivière Saint-Jean, puis s’évadent dans les bois. Une histoire plutôt discrète…

L’Université Sainte-Anne
L’Université Sainte-Anne s’affiche de plus en plus sur la scène internationale (Photo crédit : Tina Comeau, courtoisie de The Chronicle Herald)

Pointe-de-l’Église abrite l’Université Sainte-Anne. Fondée par les pères eudistes Gustave Blanche et Aimé Morin, cette institution d’enseignement supérieur accueille ses premiers élèves en novembre 1890, soit un siècle après la fondation de l’Université de King’s College à Halifax, qui est la plus ancienne université du Canada. En comparaison, l’Université Laval à Québec fut fondée en 1852. Aujourd’hui l’Université Sainte-Anne dispense son enseignement sur cinq campus situés à Halifax, Petit-de-Grat, Pointe-de-l’Église (campus principal), Saint-Joseph-du-Moine et Tusket. Elle est la seule université de langue française en Nouvelle-Écosse, et la deuxième dans les Maritimes après l’Université de Moncton (fondée en 1963) au Nouveau-Brunswick.