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  • Opelousas (Prairie des Coteaux)
    – Un modèle efficace d’occupation des Prairies cadiennes

Le Poste des Opelousas est l’une des premières colonies françaises de la Louisiane. Il a été fondé vers 1720 comme base militaire et comptoir de commerce avec la nation amérindienne Appalousa qui occupait la région. En 1765 lorsqu’une quarantaine d’Acadiens arrivèrent de Fausse Pointe où une mauvaise épidémie avait décimé plusieurs de leurs compatriotes, Jacques Guillaume Courtableau, né au Poste de Pointe Coupée en Louisiane, était alors capitaine de la milice et l’un des plus grands propriétaires fonciers du Poste des Opelousas. Selon le recensement des premiers colons acadiens en Louisiane publié le 25 avril 1766, neuf familles composaient ce groupe de réfugiés, c’est-à-dire les familles de Charles Comeaux, Michel Comeau, Joseph Cormier, Timothée Guénard, Jean-Baptiste Hébert dit Cobit, Pierre Pitre (l’aîné du groupe à 66 ans), Pierre Richard, Pierre Thibodeaux, et Charles-Jean Sonnier. Ils étaient originaires d’Annapolis Royal, Chignecto, Cobequit, Port-Royal et Rivière-des-Hébert en Nouvelle-Écosse, de Chipoudy et Petitcodiac au Nouveau-Brunswick, de Malpèque sur l’Île-du-Prince-Édouard (anciennement l’Île Saint-Jean), ainsi que du Maryland. Le plus jeune, Louis Comeaux, baptisé à la Nouvelle-Orléans le 16 mai 1765, est né en mer ou à la Nouvelle-Orléans. Les cinq autres enfants de cinq ans ou moins sont tous venus au monde sur l’île Georges dans le port d’Halifax, un lieu d’incarcération pour des centaines d’Acadiens avant d’être déportés.

Vers les Prairies cadiennes

Avec l’aide de Courtableau ce groupe de 41 Acadiens qui comprenait 18 femmes et jeunes filles, soucieux de ne pas se faire remarquer, décida de s’établir le long de la rive ouest du Bayou Del Puent dans la Prairie des Coteaux de même que sur les berges des bayous Sandy et Callahan dans la partie nord de la prairie Bellevue. Aujourd’hui, ces trois bayous avoisinants traversent l’extrémité sud de la ville d’Opelousas, le chef-lieu de la paroisse de Saint-Landry.

Dix ans plus tard quelques problèmes majeurs de mitoyenneté à l’égard de certains boisés impliquant la succession de Courtableau ont forcé la plupart des Acadiens à vendre leur lopin de terre à des migrants créoles (personnes d’origine ethnique différente) et à se déplacer vers l’ouest dans la prairie Bellevue. Leur nouvelle colonie se situait entre le Bayou Sylvain au nord et le Bayou Bourbeux au sud dans l’actuelle municipalité de Sunset près d’Arnaudville.

Puis à partir de la prairie Bellevue, la deuxième génération acadienne alla encore plus loin vers l’ouest s’établissant, en petit nombre au fil du temps, dans ce qui deviendra plus tard les « Prairies cadiennes ». De génération en génération, les vieilles maisons cajuns ont évolué vers un mieux vivre.

Vieille maison cajun
Vieille maison cajun dans les Prairies cadiennes (photo crédit : Judy Vincent, source Pinterest, sans modification)

En Acadiana, les « Prairies » s’étendent du lac Charles à l’ouest jusqu’à la limite orientale d’Opelousas. Elles sont composées de nombreuses plaines comme Grande Prairie, Prairie des Femmes entre Grand Coteau et Arnaudville, Prairie Gros Chevreuil sur le territoire de Pecanière, Prairie Au Large près de la Nouvelle-Ibérie, et Plateau Petit Bois dans la paroisse de Calcasieu à la frontière du Texas. Ces grands espaces isolés, loin de la Nouvelle-Orléans, ont attiré les Acadiens pour plusieurs raisons. D’abord, le déboisement et les travaux ardus de défrichage n’étaient pas une corvée. De plus, les boisés proches fournissaient tout le bois nécessaire au chauffage et à la construction des habitations, des meubles, des granges, des charrues et des pirogues.

Mardi Gras dans les Prairies cadiennes
Mardi Gras dans les Prairies cadiennes est une affaire communautaire (photo crédit : DVal Designs, source Pinterest, sans modification)

Avant tout, il importe de savoir que les liens familiaux sont de la plus haute importance pour le peuple acadien. C’est pourquoi leur migration graduelle d’un bout à l’autre des Prairies cadiennes impliquait généralement des familles. À chaque déplacement, de nouvelles terres, toujours plus grandes, étaient acquises des autorités espagnoles. Les Acadiens étaient méthodiques, ne s’aventurant que dans la coulée ou le bayou le plus rapproché afin de ne pas trop se disperser. L’attrait des prairies et l’isolement désiré ont fait en sorte que la riche culture acadienne des Cajuns fut préservée d’une assimilation totale tout en assurant une cohésion communautaire hautement recherchée. Par surcroît, l’indépendance économique de leurs descendants fut assurée grâce à la propriété successive des terres ancestrales.