Capsules historiques

L’Odyssée acadienne dans neuf colonies anglo-américaines

Il existe encore une croyance à l’effet que la déportation des Acadiens n’a jamais eu lieu et que la publication Évangéline par Henry Longfellow en 1847 n’est qu’un superbe poème épique narrant une épopée mythique plutôt qu’historique. En outre, dans la New York Gazette du 23 août 1755 les lecteurs ont pu lire l’opinion anonyme «Nous sommes actuellement engagés dans une grande et noble entreprise consistant à expulser les Français neutres (Acadiens) hors de la province… Si nous y parvenons, il s’agira d’un des plus grands exploits jamais accomplis par les Anglais en Amérique» (traduction). Cette idéologie fut aussi publiée dans plusieurs autres colonies anglo-américaines, notamment en Pennsylvanie et au Maryland. Le 9 février 2005, soit 250 ans plus tard, William Grimes, un journaliste américain, souligne cette pensée fallacieuse sous la rubrique Paradis perdu dans un ‘nettoyage ethnique’ (traduction) dans le journal The New York Times.

Monument de l’Odyssée acadienne à l’île Boishébert sur la rivière Miramichi, N-B, reposant sur l’étoile Stella Maris (Courtoisie de Fralambert, CC BY-SA 3.0, sans modification)

Sur la face supérieure du monument, au pied de l’emblématique croix de la déportation, on peut y voir le port de mer des neuf colonies anglo-américaines impliquées dans le Grand Dérangement. Compte tenu du peu de contribuables sur leur territoire de compétence et de leur manque de soldats au maintien de l’ordre s’il advenait des problèmes raciaux ou ethniques d’importance majeure, les colonies du Delaware, du New Jersey, du Rhode Island, et du New Hampshire n’ont pas été des destinations choisies par Charles Lawrence, le gouverneur de la Nouvelle-Écosse. Par ailleurs, le Delaware et la Pennsylvanie partageaient en 1755 le même gouverneur. Les frontières entre le New Jersey et New York étaient imprécises. Les forces coloniales du Rhode Island (400 hommes) et du New Hampshire (500 hommes) étaient affectées à la conquête du fort Saint-Frédéric (aujourd’hui Crown Point, NY) sur les berges du lac Champlain.

Le monument érigé au sanctuaire Le Bocage à Caraquet sur la péninsule acadienne, N-B (Courtoisie de Quiet kiai, CCO 1.0, sans modification)

Depuis 2015, ces monuments commémoratifs du Grand Dérangement deviennent de plus en plus célèbres. Ils font partie d’un réseau international visant la sensibilisation des sites significatifs reliés à l’histoire, à la vitalité des communautés acadiennes, et à l’avancement de la Nouvelle-Acadie. Des monuments semblables sont proposés pour la vaste côte Atlantique des États-Unis, à Boston, New London, New York, Philadelphie, Annapolis, Portsmouth (Hampton Roads en Virginie), Raleigh (en Caroline du Nord où se trouve Edenton), Charleston, et Savannah. À l’instar de la Chronologie des déportations et des migrations des Acadiens 1755-1816 par Paul Delaney, le présent site traite séparément de ces villes côtières avec l’intention de contrecarrer la croyance populaire que la déportation des Acadiens est un mythe.

Selon un proverbe ancien, un peuple plein de vitalité est doué d’une force singulière. On dit souvent que la vitalité de la diaspora acadienne n’est pas fondée sur les malheurs de son sort mais sur l’ardeur de sa volonté.

Il y aura toujours un coin de ciel bleu au firmament pour les Acadiens du monde (Photo libre de droits)

Sachez que le tout premier motif de la Proclamation de la reine Élizabeth II du Royaume-Uni, désignant le 28 juillet de chaque année (à compter de 2005) «Journée de commémoration du Grand Dérangement», est la reconnaissance parfaitement explicite de la vitalité des Acadiens. Cette Proclamation royale de 2003 se veut aussi un effort de grandeur imposante pour mettre fin à la croyance de longue date que la déportation des Acadiens n’est qu’une infox.